Kane 03 - L'Ombre du Serpent by Riordan Rick

Auteur:Riordan, Rick [Riordan, Rick]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2013-08-27T22:00:00+00:00

CARTER

* * *

11. Hâpy Hour

C’était toujours pareil : Sadie et Walt partaient à la recherche d’une ombre amie tandis que Zia et moi devions nous coltiner un meurtrier psychopathe censé nous conduire à une planque truffée de pièges et de magie interdite. À ton avis, qui avait décroché le gros lot ?

La Reine d’Égypte s’est matérialisée au beau milieu du Nil dans un jaillissement d’écume, telle une baleine bondissant hors de l’eau. Ses roues brassaient les eaux bleues du fleuve, ses cheminées recrachaient une fumée scintillante dans le ciel du désert. Après la pénombre de la Douât, la lumière du jour m’a momentanément aveuglé. Constatant qu’on faisait route vers le nord, j’en ai conclu qu’on avait émergé au sud de Memphis.

On devinait les berges marécageuses et plantées de palmiers à travers la brume d’humidité. De rares maisons parsemaient le paysage. Un pick-up bringuebalant roulait sur la route en bordure du fleuve. Un voilier glissait sur l’eau à bâbord. Nul ne nous prêtait attention.

Je n’aurais su dire où on avait atterri précisément – ç’aurait pu être n’importe où le long du Nil. D’après la position du soleil, la matinée touchait à sa fin. On avait mangé et dormi au royaume de mon père, sachant qu’on n’oserait plus fermer l’œil une fois en charge de Setné. Je n’avais pas eu l’impression de me reposer beaucoup. Pourtant, à l’évidence, on avait passé plus de temps que je ne le croyais sous terre. La journée s’écoulait. Le lendemain, à l’aube, les rebelles attaqueraient le Premier Nome, et Apophis détruirait le monde.

Zia se tenait à mes côtés, à la proue du bateau. Elle portait à présent un débardeur à imprimé camouflage et un pantalon kaki glissé dans une paire de bottes. Rien de très sexy a priori, pourtant elle était superbe. Mieux encore, elle était là en personne – ni ouchebti ni reflet à la surface d’un bol divinatoire. Par moments, la brise apportait à mes narines le parfum citronné de son shampoing. Nos avant-bras se frôlaient quand on se penchait par-dessus la rambarde, mais ça ne semblait pas la gêner. Sa peau était chaude, comme si elle avait la fièvre.

– À quoi tu penses ? l’ai-je interrogée.

Vus de près, les éclats verts et noirs dans ses yeux d’ambre créaient un effet presque hypnotique.

– Je pensais à Rê, a-t-elle répondu. Je me demandais qui s’occupait de lui aujourd’hui.

– Je suis sûr qu’il va bien.

Je l’avoue, j’étais un peu déçu. Pour ma part, je pensais à la manière dont elle m’avait pris la main, la veille, dans la salle à manger. « Parfois », avait-elle dit, « il faut savoir écouter son cœur… » Cette journée était peut-être la dernière qu’il nous restait à vivre. C’était le moment ou jamais de dire à Zia ce que j’éprouvais pour elle. Enfin, je me doutais qu’elle le savait, mais je n’en avais pas la certitude… Tu parles d’un casse-tête !

J’ai décidé de me lancer :

– Zia…

À cet instant, Setné a surgi à nos côtés.

– Ah ! s’est-il exclamé.

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